Sous son nom historique ressemblant étrangement à celui de la Grande Muraille de Chine se cache en réalité un projet loin d’être touristique. Il faut d’ailleurs plutôt voir son lien avec le « firewall », le pare-feu informatique. Le Grand Firewall est en effet destiné à surveiller et censurer internet. Mis en place en 1998 et géré par le Ministère de la Sécurité Publique de la République Populaire de Chine, ce projet est opérationnel depuis novembre 2003.
A l’origine de sa création
Autrement appelé le projet Bouclier Doré (en chinois 金盾工程), le Grand Firewall est né de la crainte du Parti Communiste Chinois de voir le Parti Démocrate Chinois (PDC) créer un réseau puissant incontrôlable. Pour résoudre ce « problème », le PDC a été interdit et plusieurs arrestations et emprisonnements ont eu lieu. C’est dans ce contexte qu’a vu le jour le Bouclier Doré.
Comment s’exerce la censure ?
Plusieurs lois et réglementations pour internet ont été dictées par le gouvernement. Elles sont appliquées par les fournisseurs d’accès à internet, les entreprises et les organisations eux-mêmes contrôlés par les gouvernements provinciaux. Concrètement, certains accès à des adresses IP bien définies sont refusés. De plus, si le site web est hébergé sur un serveur mutualisé, alors le blocage s’étend à tous les sites du serveur. Une autre méthode de censure consiste à faire en sorte que des noms de domaine ne soient pas résolus ou qu’ils renvoient à des adresses IP non correctes. Une filtration des mots utilisés dans l’URL peut aussi être réalisée afin de détecter certains mots-clés. Le Grand Firewall peut aussi interrompre la transmission de paquets TCP quand il détecte un certain nombre de mots-clés controversés. Enfin, notons que lors du blocage d’une connexion TCP par un filtre, toutes les tentatives de connexion dans une période de 30 minutes maximum peuvent être bloquées elles aussi et ce, des deux côtés. Il existe bien sûr plusieurs méthodes pour contourner la censure.
Quels sites sont ciblés ?
Différentes pages internet relatives à des « informations superstitieuses, pornographiques, relatives à la violence, aux jeux d’argent » sont ciblées si l’on en croit l’agence de presse chinoise Xinhua. Mais ce n’est pas tout. Les sites de médias étrangers comme la BBC, le New York Times ou Blommberg News le sont aussi, sans doute une façon très perverse pour le gouvernement chinois de réécrire la vérité et de cacher à son peuple ce qui se passe réellement ailleurs. La censure s’étend également aux pages web utilisant plusieurs mots tabous ou sensibles (par exemple « Tibet »). Vous noterez ici l’absence de lien avec les caractéristiques des sites ciblées données par Xinhua. Même chose pour Google et Altavista, qui sont aussi bloqués par le Bouclier Doré. Certains réseaux sociaux non plus n’ont pas échappé à la censure. En 2009, Facebook et Twitter ont été bloqués, la Chine mettant en avant la peur que ces sites soient utilisés pour que les activistes puissent s’organiser. La présence de commentaires sociaux et politiques a aussi joué un rôle important. A savoir que certains blogs et articles disparaissent littéralement du web lorsqu’il touche à des sujets politiques sensibles ou lorsqu’il y a des messages appelant à des actions collectives contre le gouvernement.
La censure d’internet en Chine est un sujet très complexe, tant les moyens utilisés et les motifs invoqués sont larges. De manière générale, la toile version chinoise est particulièrement surveillée. Les dérives sont passibles d’amendes et d’arrestations.
Crédit Photo : Olli Henze