A l’approche de Noël, tous les enfants (shijo) raffolent des batailles de boules de neige, une façon assez agréable de profiter de l’air extérieur tout en s’amusant. Leurs parents (ryoushin) non plus ne se font pas prier pour y participer car l’activité en elle-même resserre les liens familiaux et amicaux. C’est un moment privilégié souvent marqué par de beaux fous rires. Qui pourrait donc croire que sur l’île d’Hokkaido au Japon, on ne plaisante pas avec cette pratique ?
Naissance d’un sport atypique
Sur l’une des quatre îles principales de l’archipel du Japon, les batailles de neige ne sont pas considérées comme une activité enfantine. Bien au contraire ! Il s’agirait même d’un véritable sport. Il faut dire que la région se distingue au niveau national par ses basses températures mais surtout par la présence de la plus belle neige (yuki, 雪) du Japon. Une chance qu’un petit village du nom de Sobetsu a su saisir. C’est en effet là que se déroule chaque année le championnat du monde de boules de neige, une compétition internationale appelée « Yukigassen » et existant depuis 28 ans déjà. Cette année, elle s’est d’ailleurs déroulée les 21 et 22 février.
Une discipline régie par des règles
Il ne suffit pas de balancer des boules de neige n’importe où sur le terrain de 36 m de long sur 10 m de large pour remporter la partie. Comme tout sport, les batailles de neige à Hokkaido se déroulent selon des règles de jeu bien définies. Avant toute chose, parlons tenue réglementaire et équipements car on ne pratique pas de tennis sans raquette ni de gymnastique en doudoune. De la même façon, les joueurs de ce sport hors du commun sont équipés de casques de protection, de combinaisons et de dossards numérotés. Leur allure ressemble d’ailleurs fort à celle des hockeyeurs, à la différence près qu’ils n’ont besoin pour seul matériel que de leurs mains. Deux équipes constituées chacune de 4 attaquants et de 3 arrières (soit 7 joueurs) se font face pour des manches de trois minutes. Pendant celles-ci, les arrières préparent les boules utilisées ensuite par les attaquants. Il faut savoir que le nombre de boules de neige autorisé par manche s’élève à 90.
Principe du jeu
L’objectif de chaque équipe est de s’emparer du drapeau de l’équipe adverse, drapeau bien entendu planté dans chaque camp. Un autre moyen d’atteindre la victoire est aussi de finir la partie avec une équipe constituée de plus de joueurs que celle d’en face. En pratique, ce n’est toutefois pas si simple car il suffit qu’un joueur soit touché par une boule pour qu’il soit éliminé, peu importe le lanceur (coéquipier ou adversaire). C’est la raison pour laquelle les arrières ont l’habitude de donner en main propre leurs boules aux attaquants ou encore de les faire rouler. Un moyen plutôt astucieux pour limiter les risques d’éliminations au sein de sa propre équipe. Ce sport ressemblant à la balle au prisonnier est assez impressionnant, des rafales de balles étant envoyées de part et d’autre de la ligne séparant les deux camps. Courir reste le meilleur moyen de les éviter. Chaque groupe doit mettre en place sa stratégie pour défendre ses coéquipiers et éliminer le plus d’adversaires possibles, tout en sachant qu’une progression sur le terrain est indispensable pour atteindre le camp ennemi. Les joueurs peuvent alors pendant leur avancée se cacher derrière des murs de glace.
Ce sport, inventé en 1987 à Showa-Shinzan (Hokkaido), connait un succès grandissant. Si au Japon plus de 1000 équipes s’affrontent pour décrocher l’une des 125 places disponibles pour participer au Championnat, la discipline s’exporte aujourd’hui dans d’autres pays comme au Québec, aux Etats-Unis, au Canada, en Norvège, en Finlande, en Suède ou encore en Australie.
Photo : Jereme Wong