
L’hikikomori se manifeste par un isolement volontaire de plusieurs mois, voire de plusieurs années. Comme le précise cet article du Monde, le phénomène n’est pas nouveau, et il ne s’agit ni de schizophrénie, ni d’un quelconque retard mental…
Le syndrome touche le plus souvent des garçons de la classe moyenne, à l’âge de quinze ans, et passe pour une “paresse adolescente”. Une enquête réalisée par un cabinet japonais en 2010 estime ainsi que 700 000 personnes seraient touchées par le syndrome de l’hikikomori. Mais, les malades étant par définition cachés, le psychiatre Tamaki Saito évoque même le chiffre de un million…
Dans un reportage édifiant, la BBC revient sur les explications de ce phénomène qui prend de plus en plus d’ampleur au Japon. La question a laquelle tous les spécialistes tentent de répondre est la suivante : pourquoi un tel retrait ? La BBC évoque plusieurs pistes, dont la pression sociale ressentie par les jeunes Japonais.
Dans la langue japonaise, le terme « sekentei » désigne la réputation d’une personne et la pression qui s’exerce sur elle pour impressionner les autres… Revelateur, n’est-ce pas ? Pourtant, ce phenomene ne semble pas specifiquement propre aux Japonais : la societe occidentale toute entiere semble elle aussi piegee dans ce jeu de reputation et de pression sociale, ou tout un chacun tente d’impressionner des inconnus en s’inventant une vie sur les reseaux sociaux, en s’habillant d’une certaine facon pour sortir dans la rue, etc. Et en effet, il se trouve que des cas d’hikikomori ont été observés en France, comme le rapportait cet autre article du Monde daté du 7 juin 2012.
Le docteur Marie-Jeanne Guedj-Bourdiau, responsable du Centre psychiatrique d’orientation et d’accueil (CPOA) à l’hôpital Saint-Anne à Paris, a recensé, “au cours des quinze derniers mois, une trentaine de cas qui concernent des adolescents à partir de 16 ans, mais aussi des jeunes gens de 25-30 ans qui ont une vie sociale des plus réduites après avoir eu des difficultés à terminer leurs études supérieures”.
De même aux USA. Dans l’article du Monde en date du 7 juin 2012, il est fait mention du docteur Alan Teo, psychiatre à l’université du Michigan à Ann Arbour, qui a publié en mars 2012 dans l’International Journal of Social Psychiatry un article sur le premier cas d’hikikomori observé aux Etats-Unis : un homme de 30 ans, qui a vécu reclus pendant trois ans dans son appartement. “La première année, il est resté dans un cabinet de toilettes assez spacieux, se nourrissant de plats qu’on lui apportait, a-t-il expliqué. Ne se lavant pas, déféquant et urinant dans des seaux et des bouteilles, il passait son temps sur Internet et devant des jeux vidéo. Il avait déjà vécu un semblable épisode de retrait social qui avait duré plusieurs années quand il avait 20 ans. A chaque fois, il souffrait de dépression sévère…”
Il faut faire très attention, car rapidement, un cercle vicieux s’installe. Plus l’hikokomori reste à l’écart du monde, plus il lui y compliqué d’y retourner. En effet, sa confiance en lui disparaît, alors que la conscience de son échec social augmente. Sans parler de la perspective de quitter le domicile familial qui devient terrifiante… Dans les deux dernières décennies, la moyenne d’âge des hikokomori est passée de 21 à 32 ans au Japon, témoignant de la difficulté de sortir d’un tel état. Si vous avez le sentiment que l’un de vos amis est en train de devenir un hikikomori, agissez sans tarder !