Le Japon est aujourd’hui la seconde puissance économique mondiale. En un demi-siècle et malgré une défaite durant la Seconde Guerre Mondiale, ce pays a réussi à rattraper et même dépasser la plupart des pays d’Occident. Pour beaucoup d’auteurs, français comme japonais, l’éducation tient une part importante dans cette prospérité économique.
En effet, les étudiants japonais sont considérés comme faisant partie des plus cultivés et ceux-ci devancent régulièrement les étudiant américains ou européens lors de concours internationaux.
Quelles sont donc les caractéristiques de ce système éducatif ? Quels sont les points forts de l’éducation au Japon et quelles sont les faiblesses du système éducatif Japonais ?
Organisation du système scolaire japonais
L’enseignement au Japon est laïc, mixte, gratuit et obligatoire jusqu’à la fin du collège, ce qui représente 9 ans dans le système scolaire. Pratiquement tous les enfants terminent le collège et accédaient au lycée. Les établissements sont répartis suivant une carte scolaire et à chaque zone est affecté un et un seul établissement public à chaque niveau.
L’année scolaire débute le 1er avril de l’année pour se finir le 31 mars de l’année suivante. Elle est découpée en trimestres (avril-mi-juillet, septembre-décembre, janvier-mars) entre lesquels s’intercalent les vacances de printemps, d’été et d’hiver jusqu’à l’université où l’année est divisée en semestres (avril-septembre, octobre-mars). Les cours ont lieu 6 jours par semaine et depuis 1995 les deuxièmes et quatrièmes samedis du mois sont libres. Le redoublement n’est possible qu’à partir du lycée et le saut de classe est interdit.
Le nettoyage des salles de classe et des locaux en général est traditionnellement confié aux élèves qui forment des groupes qui tournent périodiquement pour la réalisation des corvées. Enfin le port de l’uniforme est généralement constaté au lycée et parfois au collège.
Avantages du système éducatif Japonais
Avec un taux élevé de fréquentation de l’enseignement obligatoire et du lycée, le système éducatif a réussi à amener l’alphabétisation des adultes à pratiquement 100%. Et cela n’est pas des plus anodins compte tenu de la complexité de la langue japonaise. C’est pourquoi le système éducatif au Japon accorde une grande importance accordée à la langue. La langue japonaise écrite est constituée de deux syllabaires (les kana, regroupant d’une part les hiragana, d’autres part les katakana) et d’un système d’idéogrammes d’origine chinoise (les kanji). A l’issu de leur scolarité, les élèves connaissent ainsi près de 2000 kanji. Tous les élèves sont tenus d’apprendre les kanjis et maîtriser ces caractères pour finir leur scolarité et doivent même en apprendre d’autres s’ils continuent leurs études dans le supérieur.
Cet apprentissage des kanji est très contrôlé par l’état qui fixe le nombre de caractères à connaître pour chaque niveau ainsi que le temps nécessaire à leur enseignement. La connaissance de la langue n’est donc pas limitée à une connaissance succincte de la langue quotidienne, ce qui a pour effet de réduire les disparités entre les classes sociales ou les origines. Il n’y a ainsi pas de seule élite lettrée comme cela est ou fut souvent le cas en Asie.
Par ailleurs, en plus de l’apprentissage de l’écriture et de la lecture, le système éducatif est également très riche culturellement parlant. La place donnée à la culture générale est considérable et elle le reste même au lycée. Ainsi l’enseignement de l’histoire mondiale comme du Japon, de la géographie ou de l’économie, le tout regroupé sous le terme d’études sociales, constitue un des plus important horaire avec l’enseignement de la langue japonaise. L’enseignement du japonais ne se limite en outre pas à l’apprentissage, nécessitant déjà un volume de travail conséquent, de la langue mais comporte également des cours consacrés à la littérature et à l’expression. Tout cela a pour effet de donner aux élèves une ouverture sur le monde et la société qui les incite plus tard à s’informer constamment sur l’actualité. Ce qui fait que les Japonais sont un peuple de grands lecteurs !
En outre, et contrairement à de nombreux pays, l’enseignement des arts (musique ou arts plastiques) reste obligatoire durant toute la scolarité et l’enseignement est généralement dispensé dans des locaux très bien équipés. Cela renforce encore la culture générale des élèves. On le remarque d’ailleurs par l’énorme succès des expositions d’art plastique ou les chiffres importants réalisés dans la vente de disques ou d’instruments de musique.
Cette richesse culturelle est encadrée par un système éducatif particulièrement strict. La discipline est très rigoureuse durant l’enseignement secondaire et les exigences des professeurs ont pour effet de préparer les élèves au monde du travail. En effet, si la concurrence avait pour but de donner les mêmes chances de réussir à chacun quelle que soit sa situation, elle a également eu pour effet de pousser les élèves à en faire toujours plus. C’est cet état d’esprit qui les prépare au monde du travail ou règne la même rivalité et où les exigences sont bien plus importantes que celles du système scolaire. Ainsi aucune erreur n’est tolérée dans le milieu professionnel. On obtient ainsi des travailleurs dont la qualité et le sérieux sont complimentés par tous les pays occidentaux.
Quelques problèmes et limites système éducatif Japonais…
Si le système éducatif japonais semble parfaitement fonctionner, de nombreux effets néfastes sur les élèves sont aussi à noter. Par exemple : le système éducatif japonais est essentiellement un système basé sur la mémorisation. En effet, la tendance dans l’éducation japonaise est malheureusement à la mémorisation sans démarche explicative. Un exemple révélateur de ce problème réside dans l’enseignement des langues étrangères. Ainsi dans la plupart des collèges et des lycées, la seule langue disponible est l’anglais. Même si l’enseignement d’une langue étrangère nécessite un minimum de mémorisation, notamment pour le vocabulaire, on remarque que cela est l’unique axe d’enseignement des cours japonais. Les élèves sont ainsi préparés à répondre à des questions types de grammaire qui en soi ne sont pas forcément nécessaires à la pratique de la langue.
Par ailleurs, il faut prendre conscience de l’esprit de compétition, excessive dans le système éducatif au Japon. L’importance démesurée accordée à la renommée des écoles a pour effet de créer une sur-compétition qui gangrène complètement la vie des élèves. Les élèves sont ainsi poussés dès leur plus jeune âge (en particulier les garçons) vers l’excellence et non pas vers un travail juste satisfaisant. Les parents ont tendance à penser que l’avenir de leurs enfants ne sera garanti que s’ils vont dans un bon collège qui leur permettra d’entrer dans un bon lycée qui lui-même leur permettra d’entrer dans une université renommée. Le système a tendance à pousser toujours vers l’excellence, ce qui a pour effet de laisser en marge les élèves en difficulté et de favoriser les meilleurs élèves qui assureront la réputation de l’établissement. A cette notion d’excellence se combine donc celle de sécurité et de survie dans un système hyper-compétitif.
Enfin, touchons deux mots à propos de l’ijime… Un autre problème caractéristique de l’éducation japonaise est l’ijime. Ce mot désigne une forme de bizutage (bien plus grave qu’en France) ayant lieu pendant toute la scolarité et dont le sens vient du mot ijimeru qui signifie “torturer”, rien que ça… Même si le bizutage existe dans la plupart des pays, il n’atteint nulle part ailleurs la même ampleur qu’au Japon. Ainsi, l’ijime peut prendre plusieurs formes qui vont de la simple ignorance de celui qui en fait l’objet au racket en passant par la violence physique ou verbale et les humiliations publiques. L’élève un peu fragile victime de ce genre de traitement peut finir complètement brisé, et ne jamais s’en remettre… Il est aussi à signaler que la violence n’a pas lieu uniquement entre élèves et que les professeurs (qui généralement ferment les yeux sur les pratiques d’ijime) font également parfois preuve de violence physique sur les élèves pendant les cours et les clubs, notamment dans les établissements privés…
Photo : USAGJ